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Ce n’est pas la défaite de la gauche, c’est la défaite du gouvernement et de François Hollande

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Ce dimanche, la gauche a perdu de nombreuses villes. On s’en doutait pour certaines comme Reims qui étaient miraculeusement passé à gauche en 2008. Pour d’autres, c’est un véritable coup de massue. En effet, des villes de gauche depuis des décennies sont passées à droite : Quimper, Limoges, Maubeuge, Tourcoing, Roubaix, Argenteuil, Niort, Villejuif, Pau, Henin-Beaumont… sont passées à droite voire pire à l’extrême-droite.

La gifle aux socialistes

Si c’est un séisme local pour les forces progressistes, c’est surtout une gifle nationale pour le gouvernement. Si ces villes sont passées vers les forces réactionnaires c’est le résultat d’une politique nationale mauvaise. Et le responsable de cette politique s’appelle François Hollande. Comment douter que le changement ne soit pas arrivé depuis 2 ans n’ait pas joué contre la gauche ? Le peuple a senti l’augmentation de la TVA voulue par Sarkozy mise en place par Hollande, le peuple a été effaré par l’histoire de cul de François Hollande se rappelant les Pingeot et Bruni. Et puis le pacte de responsabilité a certainement été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Comment imaginer un pacte où l’Etat donne beaucoup sans aucune contrepartie ? Ca me fait penser au Grand Guignol que nous avait joué Moscovici avec les Pigeons. Rappelez-vous. Moscovici avait un projet d’augmenter l’impôt sur la cession d’une entreprise de beaucoup (passage de 10% à 40% environ). Bien entendu ça avait gueulé. Moscovici avait finement négocié. L’impôt était resté au même taux et il avait donné des contreparties aux entrepreneurs. Bref, il s’était aplati devant les patrons. S’étonner que nous perdions des villes n’est que le second effet kiss cool de la mauvaise gestion à la tête de l’Etat. D’ailleurs Pierre Moscovici lui-même a perdu à Valentigney dans le Doubs.

En 2008, le Parti Socialiste avait gagné 31 villes. Elle vient d’en perdre 61 à l’heure où j’écris. 577 villes étaient à gauche avant les élections sur les villes de plus de 9 000 habitants.sur 1088, elles sont désormais 634 dirigées par la droite. 77 villes de plus de 50 000 habitants étaient à gauche, elles sont désormais 68 à droite sur 122. Merci à France Télévision pour cette infographie.

municipales 2014 2nd tour

 

Et maintenant le changement ?

Et maintenant… Et maintenant… Le gouvernement va faire avec. Des rumeurs disent qu’Ayrault voulait démissionner dimanche soir. Il n’y a pas de doute qu’il y aura du changement dans les prochains jours. J’imagine que comme en 2001, les ministres ayant perdu devant les urnes seront renvoyés voire plus. Mais si le problème de communication est un problème de personne, la défaite montre aussi une défaite de la politique du gouvernement. Sans inclinaison forte de la politique gouvernementale, il n’y aura pas de changement. Et avec les Européennes qui se profilent dans deux mois, ne doutons pas que la giboulée de mars ne se transforme en tsunami électoral en juin si rien ne change.

Maintenant, Hollande a trois choix devant lui pour faire le changement : le changement centrisme électoral, le changement centrisme de gauche et le changement hollandiste.

culbuto-hollandeCommençons par le dernier cité car c’est certainement le plus certain d’arriver et le pire scénario. Hollande va virer Ayrault et il va installer à sa place un autre hollandiste pur jus qui n’a aucun caractère de leader. Donc on va avoir un socialiste du type Michel Sapin ou Bernard Cazeneuve. Nonobstant leurs indéniables autres qualités politiques, ce ne sont pas des leaders charismatiques comme ne le sont ni Hollande ni Ayrault. Pour le gouvernement, Hollande va prendre un culbuto et tout mélanger. Et là va arriver le jeu de chaise musical. Montebourg à la justice, Valls à l’économie, Taubira à la santé… Avec une ou deux entrées et sorties, le Premier Ministre propose la même politique. Le PS devient la 4e ou 5e force politique du pays derrière l’UMP, le FN, EELV et peut-être le Modem. La claque quoi. Harlem Désir, Premier Secrétaire du PS et premier de la liste PS en Ile-de-France n’est même pas élu car il fait moins de 5%. Ce n’est pas une claque, c’est la fin du Parti Socialiste.

Continuons avec le premier cité. Hollande pense déjà à 2017 et en bon analyste des tendances électorales, il comprend que s’il souhaite gagner en 2017, il doit continuer sa centralisation. Il prend donc un politique considéré comme centriste. Il demande à Manuel Valls ou François Rebsamen (qui aurait pu rentrer dans la première catégorie) de former un gouvernement. Ils virent ces sales gauchistes d’écolos du gouvernement et proposent à Marielle de Sarnez et François Bayrou d’entrer au gouvernement. Ils virent tous les socialistes marqués trop à gauche comme Benoit Hamon (mais ils gardent ceux qui ne font pas de bruit). Ils rameutent des grandes gueules parce qu’il y a besoin de grandes gueules pour recentrer leur politique et réduire les voix du Front National. Dans un élan de réconciliation nationale avec Marseille, Jean-Noël Guerini ou Patrick Menucci devient ministre et ils virent Marie-Arlette Carlotti (qui est aussi marseillaise). Il appellent Bertrand Delanoë qui, lui, sait s’imposer pour prendre un gros ministère. Par contre, ils n’appellent pas Martine Aubry parce qu’elle  a beaucoup trop de leadership qu’eux tous. Et puis c’est leur point commun entre eux, ils ne l’apprécient pas. Bien entendu, aux Européennes ça ne passe pas. Par contre, le Modem permet de faire quelques gros coups aux sénatoriales et aux régionales. En 2017, Hollande part seul au premier tour. Il ne passe pas le premier tour de 1000 voix derrière Marine Le Pen. Et ouais c’est pas les propos sécuritaires qui jouent sur l’évolution du FN mais l’évolution économique.

Terminons avec la dernière solution. Hollande comprend que son salut c’est un recentrage politique. Il décide de prendre un premier ministre un peu plus à gauche que lui pour faire bien. Plusieurs noms viennent à l’esprit directement : Martine Aubry, Ségolène Royal, Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, François Bayrou, Benoit Hamon, Arnaud Montebourg… Oui, j’exagère à propos de la liste de premiers ministrables. François Hollande, lui, ne pense pas que l’impôt c’est le degré zéro de la politique. Il y a de gros changements au sein du gouvernement. Moscovici part, il est remplacé par une personnalité reconnue de tous pour ses capacités économiques et qui ne fera pas trop faire peur aux patrons comme Gallois, Lauvergeon, Piketty, Strauss-Kahn… . Ben oui, Hollande veut bien abandonner sur certains points mais pas sur tous. Pour le reste, ce sont de grandes personnalités politiques charismatiques et de nouvelles et jeunes têtes qui entrent au gouvernement. On peut penser en plus des sus-cités à Cambadélis, Bachelay, le retour de Batho, Mazetier, Faure, Berger, Urvoas… Il y a aussi l’entrée du PCF qui abandonne le maoïsto-trotskiste Mélenchon. Au niveau des élections, les socialistes s’en sortent honorablement aux Européennes, ne perdent qu’une ou deux régions aux régionales et à la présidentielle, Hollande réussit son pari politique et bat le FN au second tour grâce à une croissance et une confiance retrouvée et à la dissidence de François Fillon après que la COCOE ait débattue pendant des semaines pour savoir si la triche dans les Hauts-de-Seine a profité à Copé, Wauquiez, Fillon ou Pecresse.

Enfin l’éventualité de ces trois hypothèses de remaniement et leurs conséquences ne sont le fruit que d’une masturbation intellectuelle que vous pourrez fort logiquement critiquer et que le futur pourra infirmer. Chacune d’entre elles est pessimiste pour les forces de gauche. Car aujourd’hui, je suis pessimiste. Demain ira mieux. Peut-être.


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